Samedi 18 juin 2011
Primaire EELV : lorsque le candidat Hulot valide
ou invalide les professions de foi de ses concurrents
Par Stéphane Lhomme, candidat à la
primaire d'Europe écologie-Les Verts (EELV)
Avec le matériel électoral et les professions de foi, les
électeurs (*) d'Europe écologie-Les Verts viennent de recevoir un incroyable document (ci-joint) : une fiche de la
direction du parti dénigrant ouvertement l'un des quatre candidats, moi-même.
Au recto, un texte me mettant en cause
et louant l'immense
"générosité" du favori de la direction, Nicolas Hulot : le document explique
en effet que ce dernier a fini par accepter
que ma profession de foi soit envoyée
avec les trois autres. Non, vous ne rêvez pas : les organisateurs de la primaire ont
soumis au candidat Hulot les professions de foi de ses concurrents, pour validation ou
invalidation.
Au verso, comme pièce à conviction, la copie de la
"déclaration d'intention de candidature" que chaque candidat a été obligé de
signer sous peine de ne pas pouvoir se présenter. Ce document affirme entre autre :
"Je m'engage à ce que ni moi ni mon n'équipe n'attaquent les autres candidats".
Ce qui justifierait donc que je sois "grondé" publiquement auprès des
électeurs, puisque j'ai osé égratigner M. Hulot. Or, c'est bien sur le plan politique
que je l'ai contesté, ce qui n'a rien à voir avec des attaques sur l'origine, l'accent
ou que sais-je encore, qui auraient effectivement été indignes.
L'affaire devient encore plus inouïe sachant que, lors du
troisième débat de la primaire le 15 juin à Lille, les candidats Nicolas Hulot et Eva
Joly se sont affrontés avec une violence incroyable, s'accusant respectivement des pires
horreurs. Mais, eux, c'est sans encourir les foudres de la direction du mouvement.
Incapables de se faire respecter par les candidats " favoris" (promus par les
sondages et certains médias), les dirigeants d'EELV ont tenté de redorer leur image et
de réhabiliter leur amour propre en tapant ouvertement sur les outsiders, et
particulièrement sur moi.
Par exemple, le lendemain même de la violente altercation
Hulot/Joly, Philippe Meirieu, président de la commission d'organisation de la primaire,
déclarait sans honte sur l'Express.fr : "Stéphane Lhomme a franchi la ligne
rouge" (**), exonérant délibérément ses deux poulains et particulièrement son
favori Hulot. (***)
Il faut d'ailleurs rappeler que, pendant des semaines, le candidat
Hulot ne s'est pas gêné pour traiter ses concurrents d' "antinucléaires
primaires" - comme si lui seul était apte à prendre une position réfléchie - ou
de les accuser de promouvoir une "écologie punitive"
alors qu'il milite
pour la taxe carbone qui, si elle est mise en place, frappera de plein fouet les ménages
modestes (en plus d'avantager le nucléaire).
Bien sûr, personne ne recevra une fiche tançant Hulot, Duflot ou
Meirieu. Sans honte et sans gène, ils se sont arrangés entre eux. D'ailleurs, les
engagements de la fameuse "déclaration d'intention" ont été choisis
délibérément pour que rien ne vienne perturber le sacre annoncé de Nicolas Hulot.
Or rien ne peut justifier que le débat politique
soit censuré. Oui, il est légitime de rappeler que la principale "qualité" politique de M. Hulot, sa
notoriété, est basée sur 20 ans d'émission sur TF1. Que ce candidat prétend être
blanchi - ou plutôt "verdi" - du jour au lendemain après avoir eu comme
mécènes, pendant des décennies, les entreprises les plus pollueuses (de Rhône-Poulenc
à EDF, en passant par L'Oréal et Bouygues).
Mais voilà, ces quelques vérités ne semblent pas bonnes à dire. Et c'est pourquoi, pour la première fois au monde dans un pays dit démocratique, des électeurs ont reçu, avec les bulletins de vote et les professions de foi, un document officiel attaquant un des candidats et valorisant un de ses concurrents, l'intouchable M. Hulot. Quoi qu'il arrive désormais, cette primaire restera "historique"
Stéphane Lhomme
(*) Adhérents, coopérateurs, sympathisants inscrits à 10 euros
(**) http://www.lexpress.fr/actualite/politique/meirieu-lhomme-a-franchi-la-ligne-rouge_1003196.html
(***) Violant encore plus clairement son obligation de
neutralité, M Meirieu a même ajouté, au cas où certains n'auraient pas encore bien
compris : "Je serais très heureux de faire la campagne de Nicolas Hulot". CQFD.