Texte du 16 juillet 2011
Hulot a été rejeté politiquement et non par des
attaques personnelles ou des rumeurs
On a pu lire ici où là que Nicolas Hulot avait été victime d'attaques "personnelles", ce qui est parfaitement faux : il a été contesté politiquement, tant sur le fond que par l'image qu'il véhicule du fait de son compagnonnage de longue date avec les multinationales. Contrairement à ce qui a été dit, la primaire EELV a été parfaitement loyale : aucune rumeur, aucun "coup bas". On notera juste quelques attaques personnelles, heureusement isolées, dirigées contre Eva Joly (à propos de son accent ou de son âge).
Par ailleurs, il ne faut pas oublier que le "gentil" Hulot a lui-même été agressif ou désobligeant, par exemple en parlant des "antinucléaires primaires" à propos de ceux qui avaient compris bien avant lui le danger de l'atome… De même, les supporters de Hulot tentent d'expliquer sa défaite par un "manque de temps" pour faire campagne. C'est absurde : chacun sait bien qui est Hulot et le temps n'aurait rien changé au rejet politique dont il a fait l'objet.
La campagne d'Eva Joly en
partie copiée sur celle du "candidat anti-Hulot"
La fameuse "écologie de combat" mise en avant par Eva Joly était en fait mon propre slogan, lancé dès le 8 avril (cf http://stephanelhomme.free.fr ), et qui a été récupéré par l'équipe Joly. Idem pour la thématique du "candidat des multinationales", titre exact de mon texte de campagne (cf http://stephanelhomme.free.fr/candidature-SL-primaire-EELV.pdf , page 3).
Par ailleurs, après un premier débat mièvre à Toulouse, j'ai décidé d'attaquer frontalement Hulot lors du second débat à Paris, ce qui m'a valu une très bonne médiatisation… jusqu'au troisième débat à Lille où Eva Joly a suivi mon exemple… en plus viril ! (Chacun a noté la violence de la "sortie" d'Eva contre Hulot).
Finalement, il apparaît que ma campagne a
eu beaucoup plus d'influence que mon modeste score de 4,64% peut le laisser croire.
Mission accomplie puisque, faut-il le rappeler, je n'ai pas fait campagne pour "faire
une score" mais pour contrer Hulot.
A propos d'un seau
d'épluchures
Lors du rassemblement contre le projet de nouvel aéroport près de Nantes, Nicolas Hulot a reçu sur la tête quelques épluchures. Les "hulotistes" se sont alors déchaînés, certains parlant même d'un acte fasciste ! Or, cela venait au contraire de jeunes libertaires. On peut éventuellement ne pas soutenir ce mode d'action, mais il convient néanmoins de noter que :
- il s'agissait d'épluchures bio
- c'était plus potache et symbolique que vraiment agressif
- les dirigeants d'EELV feraient mieux de comprendre ce rejet de "l'écologie spectacle" au lieu de crier au fascisme
Les adhérents ne sont pas la copie de
"l'opinion publique"… Heureusement !
Les sondeurs et certains médias (cf la Une de Libération le 20 juin : "L'avance de M Hulot") ont annoncé une victoire triomphale de Hulot, négligeant délibérément le fait que ce n'étaient pas "les français" qui votaient mais les adhérents et coopérateurs d'EELV. Or ces derniers ne sont pas la copie de "l'opinion publique", la preuve en est apportée par la large victoire d'Eva Joly.
Certains "hulotistes" mauvais perdants regrettent justement que ce soient les adhérents qui aient tranché alors que, selon eux, Hulot aurait été bien mieux accueilli par l'opinion publique générale. Mais, à ce compte, il faut dissoudre les partis et faire désigner les candidats par les sondeurs : DSK pour le PS, Hulot pour EELV, Rama Yade pour les centristes, et pourquoi pas Johnny Halliday, Yannick Noah, Mimie Mathy, etc… Il est heureux que les adhérents ne choisissent pas les vedettes des sondages.
Une déconvenue majeure
pour Cécile Duflot et la direction d'EELV
L'appareil d'EELV a fait tout ce qui était en son pouvoir pour permettre la victoire de Nicolas Hulot. Croyant agir habilement, Cécile Duflot a laissé deviner sa préférence sans l'affirmer clairement : cette hypocrisie a manifestement déplu.
Tout a été fait pour réduire la primaire à un simple duel Hulot/Joly dont Hulot sortirait nécessairement vainqueur. Mais heureusement :
- deux "outsiders" (Stoll et moi-même) ont réussi a participer à la primaire, malgré les obstacles et les vexations infligées par les organisateurs. Cela a eu pour effet de décanter les débats et, in fine, de permettre à Eva Joly de se différencier clairement de Hulot sans passer pour une "fâcheuse"…
- Quand l'heure du duel Hulot/Joly est effectivement venue, lors du second tour, Eva avait creusé son sillon et n'a pas du tout été "laminée" par Hulot, bien au contraire.
Attention à ceux qui
rêvent de faire une "Lipietz" à Eva Joly
Il y a fort à craindre que, au lieu de faire amende honorable et de soutenir loyalement Eva Joly, certains dirigeants d'EELV fassent au contraire tout ce qui est en leur pouvoir pour saboter sa campagne, en rêvant de lui infliger une "Lipietz" : en 2002, désigné comme candidat à la présidentielle par le vote militant, Alain Lipietz avait ensuite été démis après diverses polémiques.
Il est hors de question que le même scénario se reproduise, et que Hulot ou tout autre représentant de "l'écologie de compromis(sion)" ne prenne la place d'Eva.
Stéphane Lhomme, 16 juillet 2011